Paris Manga 8 : Interview de Fabrice Angleraud et Franck Tacito (septembre 2009)

Un fan de Tacito à profité de l'occasion pour lui faire un petit cadeau numérique ^^

A l'occasion du festival Paris-Manga, Els a aussi pu rencontrer à nouveau Jacques Collin, et lui a demandé ce qu'il en était de la série Bröz. Réponse de l'intéressé :
Jacques Collin, Editions Nickel : Bröz, ça a été une catastrophe. Le tome 3 est fini, mais comme l'histoire était prévue en 4 tomes, et qu'on ne lancera jamais le 4, on hésite de toute façon à sortir le 3, qui n'aura finalement jamais de suite. Mais on verra... Peut-être un recueil sous forme de trilogie...

Interview de Fabrice Angleraud

Votre serviteur : Où en es-tu de la genèse des Chroniques de la Lune Noire ?
Farbrice Angleraud : J'en suis à la moitié du tome en noir et blanc. Et en fait ensuite j'ai un coloriste qui s'en occupe.
VS : Tu ne colores jamais ?
FA : Ca m'arrive, car c'est devenu une frustration de ne jamais mettre de la couleur, mais plus sur des illustrations one-shot, des affiches, des choses comme ça. Et là je fais de la couleur directe, ça me plait bien. Malheureusement j'en fais très peu et je n'ai pas le niveau... Donc sur des planches c'est difficile, mais j'adore ça.
VS : Le tome 3 d'Harkhanges est attendu pour fin octobre, est-ce toujours valable ? Pourquoi a-t-il mis autant de temps à sortir ?
FA : Le tome 3 est fini et colorisé, mais c'est au niveau des dialogues que ça pose problème. Ca ne dépend pas de moi.
VS : Travaillais-tu à côté sur d'autres projets ?
FA : Il y a toujours le projet de travailler sur un collectif sur le monde de Requiem. C'est un univers qui me plait beaucoup. Mais il faut que le projet se mette ne place... Et peut-être ensuite voir sur une série à part entière avec Sabre. Et sinon je continue de collaborer avec François Froideval, je ne sais pas exactement ce que l'on fera, mais on continuera de bosser sur d'autres projets, sans doute liés au monde des Chroniques.
VS : Et c'est Cyril Pontet qui s'occuperait de la suite des Chroniques tandis que tu t'occupes de la genèse ?
FA : Cyril arrête pour l'instant, mais tout ça est encore très vague... Je ne peux pas t'en dire plus. Après c'est Froideval qui verra comment utiliser ses troupes. (rires)
VS : Et pour Sabre, tu n'as pas du tout travaillé les personnages que tu serais susceptible de dessiner dans l'univers de Requiem ?
FA : Si, en fait c'est un univers que j'aime bien, donc je me suis amusé à dessiner des Sabre, des Claudia et même des Heinrich. Je me suis amusé, même si c'est des personnages que je ne toucherai peut-être pas. J'aime bien, quand j'ai 5 minutes, jouer avec un personnage.

VS : Et en quoi consistera le collectif sur le monde de Résurrection ?
FA : Ce serait une petite histoire en 8 pages comme Mills sait concocter avec pas mal d'humour noir, un truc très cynique, mais qui ne révèlerait en rien la genèse du personnage.
VS : Donc cette mini-histoire se passerait uniquement sur Résurrection ?
FA : Oui, par contre dans la série mère (ndlr : Sabre), il y aura des passages sous forme de flashback qui se passeront à l'époque de sabre sur Terre. Mais pour l'instant, avec Pat Mills on l'a juste un petit peu évoqué, mais je ne voudrai pas le trahir en te racontant n'importe quoi. (rires)
VS : Et qu'en est-il du trio TAG (Tacito - Angleraud -Guenet) ?
FA : Je sais que pour l'instant Nicolas Guenet a très envie de refaire un truc à 3 (Ndrl : comme "Magika"), mais on manque de temps pour se réunir. On est tous les trois sur différentes séries, et c'est vachement délicat d'être tous les trois libres au même moment.


- FIN DE L'INTERVIEW -

Interview de Franck Tacito

Votre serviteur : Parsifal, one-shot dans l'univers des Chroniques de la Lune Noire, est attendu incessamment sous peu, non ?
Franck Tacito : Ouais, sauf que pour continuer dans les galères, l'album devait faire 46 pages, mais il n'est pas impossible qu'il en fasse 58, vu que l'on n'a pas réussi à faire tenir l'intégralité du scénario dans les 46 pages initialement prévues. Il est presque terminé là, tout du moins pour les 46 premières pages. Il y avait deux possibilités ; soit faire deux tomes de 46 pages, mais on avait un peu peur qu'il n'y ait pas suffisamment de matière pour remplir deux tomes, soit l'allonger un peu... On a préféré le deuxième choix.
VS : Et pour le tome 3 de 6666, toujours ce problème de dialogues, comme pour Angleraud avec Harkhanges ?
FT : Ouais, rien de changé...
VS : Alors comment ça se passe pour les dialogues ?
FT : Alors si tu veux, j'ai des ébauches de dialogues, ça me permet un peu de voir ce qu'il se passe, mais en définitive, c'est du texte vite torché, et tu ne peux pas sortir un album comme ça, et donc après il réécrit les dialogues à la fin suivant son inspiration.
VS : Et en ce qui concerne le tome 4 de "Claudia Chevalier Vampire" ?
FT : Je suis en train de terminer les couleurs. J'ai repris après Sylvain Marzo. J'ai fait un mélange entre les couleurs des deux premiers tomes (ndlr : Avec Tacito à la couleur), en m'inspirant quand même du super travail de Sylvain dans le tome 3. Là j'en suis à peu près à la page 33, donc d'ici un mois et demi, ça devrait être terminé, sauf galère de dernière minute.
VS : Parce que tu mènes aussi Parsifal de front ?
FT : Oui, je mène déjà tout de front ! Je mélange... le matin, je fais un peu de crayonné de Parsifal, l'après-midi un petit peu de couleur de Claudia, et puis je bosse aussi à côté comme médecin. C'est un peu difficile.

VS : Et ça n'est pas trop difficile de gérer un tel emploi du temps ?
FT : Ce n'est pas évident. En fait, c'est plutôt un travail d'organisation. Je ne perds pas de temps. Parce que je sais que j'ai un créneau par exemple de 2 heures, je ne vais pas perdre de temps à glander et je m'y mets directement. J'ai déjà prévu ce que j'allais faire. J'y pense tout le temps. Quand je prends la bagnole pour aller taffer, je sais bien en rentrant le soir, que je vais faire tel ou tel truc. Quand je suis sous ma douche, je pense au travail qui m'attend derrière, comment je vais l'adorder, par quel bout je vais le prendre...
En fait, c'est peut-être mes études de médecine qui m'ont permis d'avoir un esprit de synthèse qui me permet de bosser comme ça, d'une manière très efficace. Et ça c'est bien, car vraiment je me mets à fond. En 2H de temps, j'arrive à abattre un travail assez conséquent. Je planifie pas mal de choses.
VS : La première série sur Claudia comptera 6 tomes. Pat Mills laisse supposer dans une interview, qu'il pourrait y en avoir plus. Une idée ?
FT : Ca, je ne sais pas. Pour l'instant, je fais les 6 tomes. Après on verra...
VS : Et ce n'est pas trop compliqué la collaboration avec Pat Mills, notamment avec la barrière de la langue ?
FT : Non, en fait Jacques (ndlr : l'éditeur de Nickel) traduit et puis je compare. On ne peut pas dire que je maîtrise l'anglais, mais je le comprends bien.
VS : Et finalement Pat Mills te fournit des scénarios complets dès le départ ?
FT : Ah oui, c'est même trop complet. Tout est écrit, il ne dessine pas du tout, chaque scène est découpée, plan par plan, case par case et tous les dialogues y sont. Tu peux le lire comme un roman. C'est dense... ca fait entre 40 et 60 pages. L'avantage, c'est que tu sais où tu vas, tu as les moments clés, comment organiser ton travail, etc. La contrepartie, c'est que tu te sens un peu comme dans un carcan. Il y a des moments où j'aimerai bien avoir un peu plus de liberté, changer quelques scènes, raccourcir certains trucs, en rajouter d'autres à certains endroits, donc faut essayer de jongler entre les deux. Ce n'est pas forcément pratique, car lui a aussi tout prévu pour que ça colle bien.
VS : Donc là au fur et à mesure, comment se fait le suivi par Pat Mills ?
FT : On se voit et puis il me fait confiance au niveau des dessins et il est très gentleman, même pour le premier tome de Claudia, il ne m'a pas dit que c'était nul. Et souvent il découvre l'album une fois qu'il est sorti.
VS : Et ça permet peut-être de te "lâcher" un peu plus...
FT : Oui, c'est clair. Comme tu vois par exemple pour le premier tome de Claudia, j'avais complètement suivi son cadrage, case par case. Je n'avais pas compris que l'on pouvait organiser le travail complètement différemment, donc c'est un peu Olivier qui m'a dit après de faire un amalgame de la scène, de prendre la scène dans sa globalité, une scène qui fait 4 ou 5 pages, et tu dépouilles pour la réorganiser comme tu veux, en n'étant pas obliger de suivre le truc du début à la fin.
En fait, c'est une série déjantée Requiem, c'est une série qui explose de partout. Et ça je ne l'avais pas compris pour le premier tome. Et donc je me suis retrouvé dans une espèce de carcan, où chaque scène était trop petite. Ca, plus la difficulté que j'avais à reprendre les personnages d'Olivier, à me les réapproprier sans faire du Olivier Ledroit parce que je n'en n'ai pas la capacité, ça a été le résultat que l'on connaît...
VS : Mais tu t'améliores à chaque tome.
FT : A la fin du premier tome, il y avait 2 solutions. Soit j'arrêtais, en se disant que c'était une catastrophe. Soit je faisais quelque chose. Et ce n'est pas évident... Comme je dis tout le temps, c'est évident que ça ne sera jamais du Olivier Ledroit. Personne ne peut imiter Ledroit, ses couleurs sont fluides, ses personnages, il n'y a personne qui les dessine comme lui. Il y a son génie aussi, qui n'appartient qu'à lui, son imagination et sa façon de voir les choses... Et donc j'ai essayé de faire les choses un peu à ma façon.

VS : Et vers quoi tends-tu graphiquement ?
FT : J'essaye de le faire franchement et de le faire avec envie. J'essaye d'être généreux, dans le sens où j'en mets peut-être un peu trop. Je me dis qu'ils vont payer l'album 12 ou 13€, je veux qu'ils en aient pour leur argent. J'ai cette peur de ne pas plaire, de me faire ramasser. Donc là je me mets à fond. Et puis je n'ai pas le même style qu'Olivier, donc l'univers n'est pas le même non plus.
VS : Pourquoi ne mets-tu pas en vente tes dessins originaux ?
FT : Je n'en ai jamais vendu, car comme pas mal d'auteurs, je ne suis jamais satisfait du résultat de mes planches, et quand je les revois des années après, je vois toutes les erreurs. Il y a une exception quand même... Un mec me harcelait pour acheter une planche. J'ai fini par craquer...
VS : Et donc si on te harcèle, on peut espérer aussi ?
FT : Non ! Pour le moment, je ne me sens pas assez à l'aise. Peut-être plus tard, quand j'aurai fait le deuil de tout ça et que je serai plus sûr de moi.
VS : Question rituelle de fin d'interview... Qu'aimerais-tu faire par la suite ? Un projet pour le trio TAG (Tacito - Angleraud - Guenet) ?
FT : Donc il me reste les deux tomes de Claudia et le tome de Parsifal que je suis en train de terminer. Sans oublier 6666 qui est terminé depuis 2 ans. Et puis on a un projet d'heroic-fantasy mature avec Fabrice Angleraud et Nicolas Guenet, donc moins trash et plus adulte, avec des notions de bien et de mal pas clairement définies. On ne sera pas avec le beau chevalier blanc qui ne se pose pas de questions et qui va sauver la veuve et l'orphelin. On est là dans de l'heroic-fantasy spaghetti.
VS : C'est n'est pas de la fantasy sombre ?
FT : Ce n'est pas gothique mais c'est sombre.
VS : Donc pas de la fantasy comme chez Soleil.
FT : Absolument pas. Je suis à des années lumière de cet esprit là. J'aimerai bien en faire aussi des trucs rigolos un peu pour les enfants avec des elfes et des nains, mais je pense que ça se barrait en couille. Et j'ai pleins d'autres projets en tête en tant que scénariste, mais là je m'oriente dans des collaborations avec d'autres dessinateurs, avec notamment du polar-thriller ainsi qu'un autre gros projet historico-fantastique au début de la guerre froide.


- FIN DE L'INTERVIEW -

Je tenais à remercier tout particulièrement Fabrice Angleraud et Franck Tacito d'avoir si gentiment acceptés de répondre à ces questions pour le site Résurrection, The Evil's nest, ainsi que Jacques Collin pour sa disponibilité à l'égard du fan site, sans oublier le dessinateur Frankel Emile, qui a accepté de faire partager au site son fanart de Claudia destiné à Tacito.

- Elsmador -