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Le gang des moulineurs - Grozny Porc -

LETTRE D'UN SOLDAT RUSSE, RETROUVEE DANS LES DECOMBRES DE STALINGRAD.

(élément joint, photographie représentant vraisemblablement le soldat Sherninkov en compagnie du « porc de Grozny ».)

...Ma chère mère, tu ne peux imaginer ce dont l'homme est capable, ce qu'il peut endurer et faire endurer à un autre homme. A l'heure ou j'écris cette lettre, mes compagnons autour de moi sont des cadavres, ou presque. Mon camarade de droite a les viscères répandus dans la boue et il s'est mangé les doigts pour faire taire sa douleur. J'écris à la lumière des flammes qui ravagent encore les vestiges de Stalingrad. Il me reste si peu de force pour tenir ce crayon entre mes doigts engourdis par le froid.

Nous sommes bientôt à la fin du mois de janvier. Cela fait presque 6 mois que je suis arrivé à Stalingrad, ce qui est un miracle en soit, puisque la durée de survie d'un soldat ici ne dépasse pas les 24 heures.
J'ai été recruté par la compagnie du camarade commandant Malinovsky qui remontait la Volga en direction du front. Fin août, l'été étirait ses derniers jours cléments. Les forces de l'Axe tablaient sur une victoire rapide et surtout symbolique pour prendre cette ville qui portait le nom du camarade Staline.

Lors de ce long périple qui dura près de 2 semaines, je fis la connaissance de mes nouveaux compagnons d'infortune. Parmi eux, il y avait le camarade que tous appelaient le porc de Grozny. En référence à sa ville d'origine. Il était devenu la mascotte de la compagnie. Une stature impressionnante, près de 200 kg de chair et de graisse, surmontés d'un visage poupon qui affichait un éternel sourire enfantin. Il avait fallu 3 uniformes pour lui confectionner une tenue encore bien trop étriquée.
Il était une légende, car, grâce à lui, jamais nous ne connaissions les affres de la faim. Il était notre cuisinier et redoublait d'ingéniosité pour remplir nos cantines de ragoûts succulents.

Nous arrivâmes à Stalingrad le 23 Août 42, en plein bombardement de la Luftwaffe. La ville n'était que décombres et ruines. Les unités sur place étaient, tout comme nous, composées de civils sans la moindre expérience des combats qui avaient revêtus l'uniforme sans autre choix que celui de mourir pour défendre la ville des assauts nazis.
Staline avait lancé un mot d'ordre: « Pas un pas en arrière ! », interdisant l'évacuation des civils.
Hommes, femmes et mêmes enfants avaient pris les armes et mouraient sous les roquettes ou les chenilles des Panzers. Ma première nuit à Stalingrad fut un terrible cauchemar ou je vis la moitié de mes camarades décimés par un déluge de feu et d'acier.
Les combats faisaient rage dans chaque rue, chaque maison, chaque usine, chaque cave. Au fusil et à l'arme blanche. Nous combattions dans un demi sommeil car jamais nous ne dormions plus de 3 heures d'affilée. Nos bottes étaient poisseuses de sang et de cervelle. Même la terre avait pris la couleur de l'enfer.

La tactique des nazis, quand ils réalisèrent qu'une victoire rapide était impossible, fut de dresser un siège, comptant sur l'arrivée de l'hiver pour nous affamer.
Effectivement, les réserves de nourriture vinrent rapidement à manquer tandis que le froid installait sa morsure sur les ruines du champs de bataille.
C'était sans compter sur l'ingéniosité de Grozny, le terrible.
Au plus fort des combats, jamais nous ne manquions de nourriture ! A croire qu'il était magicien.
Sa massive silhouette emblématique parcourrait les décombres, distribuant son légendaire ragoût à tous les camarades combattants dans un tonnerre d'applaudissements. Il fut rapidement promu au grade de capitaine de l'intendance tellement était grande sa popularité auprès des camarades officiers.
La nuit, nous voyions sa masse solitaire errer dans les décombres, fouillant à la recherche de l'inestimable trésor. Jamais il ne nous permit de l'accompagner dans ses prospections.

Grozny Porc

A la fin de janvier 1943, il devint évident que les nazis perdraient la bataille, minés par le froid et la faim, eux n'avaient pas un camarade Grozny pour les ravitailler. Ils étaient tombés dans leur propre piège.
Cependant, avec l'énergie du désespoir, ou exécutant les ordres suicidaires de leurs supérieurs, ils lancèrent un ultime assaut.
C'était cette nuit, ma chère mère.
Les soldats allemands ont surgi de partout et de nulle-part, alors que je finissais le ragoût fumant du camarade Grozny. L'un d'eux, si jeune, il ne devait pas avoir 15 ans, fouilla mon abdomen de sa baïonnette, alors que mon poignard se frayait un chemin vers son coeur.
Nous restâmes là, incrédules et immobiles, haletant de peur et de douleur, son regard figé dans le mien.
Dans son dernier souffle, il me dit: « je ne suis pas nazi ! »
Je lui répondis: « je ne suis pas communiste ! » Mais il n'avait pas entendu, la mort l'avait emporté avant.
Autour de nos deux corps enlacés, c'était l'apocalypse !

Les cieux meurtris d'explosions avaient pris une teinte diabolique.

Sur un monticule, je reconnus la silhouette monumentale du camarade Grozny. L'uniforme lacéré d'impacts et poisseux de sang et de tripes, il brandissait un lance-flammes et arrosait les lignes ennemies d'essence embrasée, éructant et vociférant, le visage poupon défiguré dans un immonde rictus de jouissance.
Dans une demi conscience avant de m'évanouir, je l'entendis hurler: « Réjouissez-vous camarades ! ce soir kebab pour toute la compagnie ! », avant de sombrer sous les balles de l'ennemi.

Le matin est venu, et avec lui la fin des combats. J'ai cru comprendre que les nazis avaient accepté la reddition. Mon dieu. A quel prix !
J'ai vu rapidement le camarade docteur qui m'a fait perdre tout espoir de te revoir. Avec le peu de force qui me reste, je t'écris cette lettre, mère aimée.

Prie pour moi, car je me suis damné, ici, dans les décombres de Stalingrad, j'ai commis sans le savoir, le pire des crimes et je mérite le châtiment suprême !
Mais s'il est un enfer, je sais que j'y retrouverai le camarade Grozny. Et je lui ferai payer le prix de ma damnation !



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